Solidaires 37

Système universel de « retraite par points » : c’est non !

mercredi 24 octobre 2018 par Solidaires37

Motion adoptée lors du cinquième congrès de SOLIDAIRES 37, les 4 et 5 octobre 2018.

La « réforme » des retraites, qui s’annonce être la plus importante du quinquennat, vise à mettre fin aux 42 régimes de retraite actuels pour les remplacer par un système unique, « universel », de « retraite par points ».

Soi disant moderne et plus équitable, ce projet vise avant tout à faire baisser les pensions et à mettre un coup fatal à notre système actuel basé sur la solidarité et financé par les cotisations.

• Dans un tel système, le/la salarié-e cumulera tout au long de sa carrière professionnelle des points acquis en fonction de la valeur d’achat du point : le montant de la retraite est alors déterminé en multipliant le nombre de points acquis par la valeur du point au moment de la liquidation des droits.

Le calcul des retraites se fera sur l’ensemble de la carrière (incluant les périodes de chômage, de précarité, de petits boulots, de formation, les temps partiels, les congés maternité, etc.), le montant sera donc mécaniquement plus faible par rapport à aujourd’hui, puisqu’actuellement le calcul se fait sur les 25 meilleures années pour le privé et sur les 6 derniers mois pour les fonctionnaires !

• Dans ce système envisagé par le gouvernement, on saura ce qu’on paiera chaque année, mais on ne saura qu’à la fin ce qu’on aura comme retraite, contrairement au système par répartition actuel : cela sera un système à cotisations définies mais…à prestations indéfinies (comme aujourd’hui pour l’Agirc-Arrco) ! En effet c’est le gouvernement qui décidera de la valeur du point, à l’achat comme à la liquidation, en fonction des « aléas du contexte économique ». Cette « valeur du point » pourra donc changer d’une année à l’autre, induisant donc la fin d’un montant garanti de nos retraites !

• Bien que restant un système par « répartition » (les cotisations des actifs pour l’achat de leurs points serviront à payer les pensions des retraité-es du même moment), il donnera l’illusion que la retraite est une forme d’épargne que le/la salarié-e retrouvera lors de son départ en retraite. Cela brouillera donc encore un peu plus la notion de salaire socialisé et préparera le terrain et les esprits pour de futurs changements pour instituer un véritable système de capitalisation individuelle.

• Un système par « comptes notionnels » individualise encore un peu plus notre retraite et fait faire un pas de plus vers une stricte contributivité. En effet, un compte « virtuel » sera ouvert à chaque salarié-e (c’est pour cela qu’il est dit « notionnel »), car il n’est pas financier : aucun titre n’est acheté, rien n’est placé sur les marchés, les sommes d’argent étant redistribuées aux retraité-es du moment. Mais le montant de la pension sera ensuite proportionnel à ce capital virtuel, actualisé, qui sera divisé par un coefficient dépendant de l’âge de départ à la retraite et de l’espérance de vie à cet âge de la génération à laquelle appartient le/la salarié-e.

D’ailleurs, cette espérance de vie moyenne donnée pour une génération n’est pas la même pour un-e cadre supérieur-e que pour un-e ouvrier-ère dans l’industrie ou le bâtiment ou dans des professions soumises à la pénibilité (reconnue ou non) ! Et inversement, introduire des différentiels d’espérance de vie dans une génération aurait des effets désastreux pour les femmes (qui ont une espérance de vie plus longue que les hommes), déjà victimes en amont de discriminations au travail et de carrières discontinues et précaires. Ce système est donc, d’un côté ou de l’autre, pervers.

• De plus, ayant pour but de baisser les pensions, quelque soit le système choisi, ou un « mix » des deux, il accentuera la pression sur les salarié-es pour cotiser individuellement à un système de retraite complémentaire (géré par les assurances et les fonds de pension), cheval de Troie déjà en place pour détruire notre salaire socialisé.

,Bref, ce qu’il y a d’universel dans ce projet du gouvernement, ce sont les risques pour tous et toutes de voir leurs retraites sérieusement entamées. Ce projet de réforme sert les intérêts des banques et des assurances qui vont, dans un premier temps, étoffer leurs propositions de complémentaires (pour ceux et celles qui en auront les moyens) afin de pallier la baisse des pensions imposée par ce système par points. En fait, le gouvernement Macron n’a jamais été au service de « l’universel » : il ne défend pas l’intérêt général, il défend les intérêts particuliers de ses ami-es de la finance, et du Medef qui rêve depuis longtemps de supprimer (ou du moins réduire à peau de chagrin) notre salaire socialisé basé sur la cotisation.…

La question des retraites a toujours été une question centrale dans le mouvement ouvrier et c’est sur cette thématique que les dernières grandes mobilisations ont eu lieu, contre les différentes contre-réformes : 1995, 2003, 2010...

Gageons donc que cette nouvelle future contre-réforme ne restera pas sans réaction de la part des salariés-es.

Solidaires 37, avec l’Union Syndicale Solidaires nationale, fera tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer à la construction d’un mouvement gréviste d’ensemble, national, unitaire, afin de faire échec à ce projet.


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