Solidaires 37

Michelin Joué-lès-Tours : le directeur de l’usine et le secrétaire du comité d’établissement s’expliquent

jeudi 10 octobre 2013 par Solidaires37

ENTRETIEN Le site Michelin de Joué-lès-Tours va stopper son activité poids-lourds d’ici à 2015. 730 emplois seront supprimés. Jean-Denis Houard, directeur de l’usine, et Olivier Coutant, secrétaire (SUD) du comité d’établissement, répondent aux questions de L’Usine Nouvelle.

L’Usine Nouvelle - La direction de Michelin parviendra-t-elle à éviter les licenciements secs ?

Jean-Denis Houard - Dès vendredi, nous ouvrons des négociations. Un comité central d’entreprise consacré à la question est prévu le 26 juin au siège, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Parmi ces 730 salariés, 250 pourraient bénéficier d’un aménagement de fin de carrière. Les 480 autres non concernés par les mesures d’âge se verront proposer deux postes correspondants à leurs compétences, sur l’un des quatorze sites français de Michelin. Et nous accompagnerons les salariés à la mobilité. Tout cela sera mis en place d’ici 2015.

Olivier Coutant - Tout en stoppant l’activité poids lourds à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), Michelin vient d’annoncer la création de 500 emplois sur d’autres sites. Mais le compte n’y sera pas. 500, c’est le chiffre normal de recrutements pour une entreprise de cette taille, simplement du fait du turn-over. 170 postes seraient proposés à La Roche-sur-Yon (Vendée), mais même parmi les jeunes qui ont signé la clause de mobilité dans leur contrat de travail, beaucoup ne voudront pas partir, parce qu’ils ont commencé à construire leur vie ici. Au moins 300 personnes resteront sur le carreau.

Quel sera l’avenir de ce site industriel ?

J.D.-H - Cette usine est vieillissante. Elle produit 550 000 pneus poids lourds par an, alors que nous étions partis pour en produire 1 million. Cela ne peut pas durer d’autant que la même surcapacité touche l’autre usine poids lourds, à La Roche-sur-Yon. Celle-ci est plus récente et plus homogène, nous pourrons mieux l’aménager. Pour autant, Michelin n’abandonne pas Joué-lès-Tours ; qui sera spécialisée en produits semi finis, des tissus métalliques et des membranes en caoutchouc. 22 millions seront investis. Nous allons redimensionner le site en nous regroupant sur 7 ou 8 hectares, sur un total d’une trentaine. Pour le reste du site, on verra avec les autorités régionales ce qui est le mieux.

O-C - On sait ce que valent les annonces de Michelin. A Joué, nous devions avoir des investissements après la fermeture de l’usine de Poitiers (Vienne) en 2006 et le transfert de l’activité poids lourds ici. Les façades donnant sur le périphérique ont été repeintes, c’est tout. Les investissements promis n’ont pas été au rendez-vous. A terme, Michelin envisage de fermer ce site, qui sera trop petit. D’autant que les zones commerciales et d’habitat se développent autour. Le terrain a pris de la valeur.

Quel est votre état d’esprit avant l’ouverture des négociations vendredi ?

J.D.-H - Les choses reviendront dans l’ordre et nous devons communiquer, expliquer les choses auprès des salariés. L’accompagnement sera exemplaire.

O-C - Les salariés sont abasourdis, et nous continuons de nous mobiliser. Les négociations sont très attendues.

Propos recueillis par Stéphane Frachet


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